Quand tu vas au cinéma, n’oublie pas de jouer dans ta tête au jeu des familles de films. Pour que ce soit plus facile, dis-toi qu’il en existe principalement deux!

La première famille est très nombreuse, car elle rassemble tous les films qui font rêver, parce qu’ils racontent des histoires imaginaires. Leurs personnages sont inventés et vivent des aventures qui n’arrivent pas dans la vraie vie.

Comme exemple, tu peux prendre tous les films avec des super héros qui sauvent le monde grâce à leurs pouvoirs magiques. C’est clair qu’ils font partie de cette première famille cinématographique, celle où beaucoup de choses ne sont pas vraies.

Attention, la deuxième famille cinématographique est nettement moins nombreuse. Mais les films qui en font partie ont l’air plus vrais, simplement parce qu’ils racontent des aventures qui peuvent arriver.

Leurs personnages sont ordinaires et n’ont pas de super pouvoirs. Ils doivent donc se débrouiller tout seuls pour résoudre leurs problèmes et n’y réussissent pas toujours.

Bien sûr, ces films ne font pas rêver. Comme dans la réalité, leurs histoires sont parfois très tristes. Mais ils présentent un immense avantage: avec leurs vraies émotions, ils poussent à réfléchir et nourrissent l'intelligence!

Alors, à laquelle de ces deux familles cinématographiques appartient LES ENFANTS DU CIEL? Avant de découvrir ce film iranien à La Lanterne Magique, tu peux déjà jouer à le deviner en lisant la suite de ton petit journal…

Pauvre Ali, ce qui lui arrive est vraiment terrible! En revenant de chez le cordonnier, ce garçon de neuf ans a perdu les chaussures de sa petite sœur Zahra.

Mais pourquoi la situation d’Ali est-elle si terrible? Il suffirait que ses parents en achètent une nouvelle paire et le problème serait réglé. Mais voilà, son père et sa mère sont bien trop pauvres pour se le permettre!

Rentré à la maison, Ali n’ose rien dire à ses parents, mais il réussit à s’arranger avec Zahra. Pour aller à l’école, il va partager avec elle sa vieille paire de chaussures.

Comme ils n’ont pas l’école en même temps, ce plan peut fonctionner. Sa petite sœur va en classe le matin et Ali, l’après-midi. Ils se croisent donc en cachette pour se donner les précieuses godasses!

En théorie, ça a l’air facile. Dans la pratique, c’est autre chose. Même s’il court très vite, Ali arrive souvent en retard à l’école. Il faut donc que notre héros sans super pouvoir trouve une autre solution…

Ce qui est génial, c'est que LES ENFANTS DU CIEL est un film plein de suspense. La preuve qu’il n’y a pas besoin de faire 10’000 explosions et 300 accidents de voiture pour rendre l’action intéressante… Une paire de chaussures perdue peut suffire!

Avec trois fois rien, le cinéaste a réussi à créer un super suspense: un vieux vélo dont les freins lâchent à la descente, une godasse qui tombe dans le caniveau et file vers la grille d’égout, et le tour est joué.

C’est dans la scène de la course à pied que tu atteindras le sommet du suspense… Ali doit absolument arriver troisième s’il veut enfin résoudre son problème!

Mais pourquoi Ali doit-il absolument obtenir ce résultat? C’est facile à comprendre, le troisième de la course reçoit comme prix une magnifique paire de baskets neuves… Attention, arriver troisième, cela peut être plus difficile que gagner!

LES ENFANTS DU CIEL montre aussi qu’un film sans super pouvoir peut très bien concourir pour un super prix. C’est ce qui est arrivé à cette simple histoire de chaussures, puisqu’elle a été nominée en 1999 pour l’Oscar du meilleur film étranger.

Voilà, maintenant tu as assez d’indices pour placer ce film dans la bonne famille cinématographique…